En balade à Saintes, ancienne capitale de l’Aquitaine
Adhérents de l’AAMEC, nous avons eu la chance de remonter l’histoire de Saintes en quelques heures jusqu’au IIIe siècle avant Jésus-Christ. De l’époque romaine au XIXe siècle, la ville étape du Chemin de Compostelle a un riche passé que nous a conté une conférencière aussi passionnée que passionnante. Cette journée du 12 juin nous a donné le goût de revenir visiter les autres chefs d’œuvre d’une belle endormie.
Le rendez-vous avait été donné à l’amphithéâtre gallo-romain dont nous avons pu admirer sa toute récente et importante restauration. Avec l’Arc de Germanicus situé sur la rive droite de la Charente au bord du fleuve, l’amphitéâtre fait partie des vestiges d’une ville bâtie par les Santons, Mediolanum (la ville au milieu de la plaine). La cité connait un développement rapide qui fait d’elle et pour un temps, la capitale de la vaste province d’Aquitania. La ville se pare alors d’autres monuments prestigieux : aqueduc, thermes…

Edifié en 40 après JC, ce grand amphithéâtre, parmi les plus anciens de la Gaule, est le mieux conservé de la côte atlantique. Il témoigne avec majesté de l’importance de Saintes à la période romaine. Accueillant jusqu’à 15 000 spectateurs, il fut utilisé durant trois siècles pour les spectacles de combat entre gladiateurs ou animaux sauvages. Redécouvert au XIXe siècle, il a abrité alors de très nombreux spectacles.
Des Romains au Roman

Au Moyen-Âge, la ville devient une étape importante du pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle et plusieurs ordres religieux s’y implantent. Un des joyaux de l’art roman que nous a fait découvrir notre conférencière est l’église Saint-Eutrope. Classée au patrimoine mondial de l’Unesco au titre des « Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle », elle a la particularité de posséder deux chœurs superposés. Une église haute pourvue d’un clocher de 68 mètres à l’architecture gothique flamboyante surplombe une crypte du XIXe siècle, une des plus vastes d’Europe.

Le décor sculpté de l’église haute est en partie inspiré de l’art antique. Sa simplicité contraste avec le décor des chapiteaux du transept où les rinceaux s’épanouissent en une multitude de palmettes fusionnant avec des représentations d’animaux et de personnages. Cet art roman saintongeais se retrouve magnifié dans l’église basse. La crypte, structurée par de puissants piliers, abrite un décor exceptionnel composés de 53 corbeilles presque à hauteur des yeux toutes différentes. En son chœur, repose dans un sarcophage de pierre les reliques de l’évêque martyr du Ve siècle.
Du bagne à l’univers des paysans ou aristocrates saintongeais, collection de curiosités

Après un sympathique déjeuner, nous avons rejoint la Maison de curiosités d’Abel Mestreau. Ce collectionneur visionnaire et insatiable a réuni dans son superbe hôtel particulier, aux boiseries rapportées des châteaux de la région, une collection hétéroclite d’objets de la fin du XVIIIe siècle et de l’époque romantique étonnants et émouvants.

Cette sélection de trouvailles simples ou rares nous a transportés à la cour, au bagne ou dans l’univers des paysans, bourgeois et aristocrates saintongeais. Quelques pièces exceptionnelles, dont les dernières pantoufles de Louis XVI ou une arbalète à grenouilles, côtoient une collection de coiffes, de faïences, de costumes, d’enseignes ou encore de jeux de société.

Le parcours s’est achevé par la visite guidée de cathédrale Saint-Pierre et du centre ancien. Reconstruite au cours des siècles, du XIIe au XVe pour son clocher-porche, cet imposant monument est un édifice inachevé. En effet, faute de moyens, le clocher ne reçût jamais la flèche qui l’aurait porté à 100 mètres. Malgré les nombreuses mutilations dont il fut victime, en particulier lors des guerres de Religion, le monument gothique mutilé conserve un remarquable décor sculpté sur toute son enveloppe extérieure.

Toute proches, lumineuses et commerçantes, les rues piétonnes bordées de demeures bourgeoises et d’hôtels particuliers des XVIIe et XVIIIe siècles forment un bel ensemble homogène : classicisme de l’hôtel Viaud, magnificence de l’hôtel Martineau installé dans l’ancien couvent des jacobins, balcon ouvert sur le fleuve de l’hôtel Monconseil, jardin caché de l’Echevinage, ruelles de pierre blanche … autant d’invitations à la promenade et à une nouvelle escapade pour découvrir l’autre rive de la ville.